Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/165

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Il est inutile d’ajouter que sa note à Lord Liverpool ne fut suivie d’aucun effet.


Peu de temps après cette infructueuse démarche de Garbage pour concilier les intérêts d’Haïti et de la France, il se passa au Port-au-Prince un fait qui devait y aboutir plus facilement, et qui était la meilleure diplomatie à employer entre ces deux pays. L’ex-agent Dravermann y arriva sur un navire portant pavillon prussien et chargé de vins de Bordeaux, de fruits secs, d’huile et d’autres marchandises.

Négociant intelligent, il avait compris que le commerce est toujours, de tout temps, le plus solide moyen de rapprochement entre les peuples ; que cette industrie efface les distances qui les séparent ; qu’elle initie les moins avancés à la civilisation des autres ; que l’intérêt, enfin, apaise les haines nationales, s’il ne parvient pas à les dissiper entièrement.

Arrivé sur la rade extérieure, il y fit mouiller son navire et descendit avec confiance au port, où il essaya toutefois de parler allemand en demandant à voir le Président d’Haïti. Son âge, ses cheveux blancs avaient quelque chose de respectable : il fut aussitôt accompagné au palais. Arrivé là, il avoua à Pétion qu’il était Dravermann, négociant et non plus agent du ministre de la marine et des colonies ; qu’il se confiait en la loyauté du Président de la République, et ne demandait qu’à vendre ses marchandises et à opérer sa cargaison de retour en denrées du pays, si le président voulait permettre l’entrée du navire dans le port.

Il s’adressait à un chef qui comprenait parfaitement lui-même les bons résultats que cette première opération