Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/167

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Et, chose remarquable ! les commerçans et les sociétés populaires de Bordeaux furent les plus empressés à demander, dans l’intérêt de la justice, l’égalité des droits civils et politiques pour la classe intermédiaire de Saint-Domingue. Par leur active sollicitude, les Girondins, députés de cette cité et de son département, la firent proclamer dans l’assemblée législative, le 4 avril 1792 ; ce furent eux qui influèrent le plus sur la nomination de Polvérel et Sonthonax, en qualité de commissaires civils, appelés par les circonstances à proclamer la liberté générale des esclaves, au nom de la France[1]. Il était dans la destinée de Bordeaux de rapprocher encore cette noble France de la jeune Haïti !


Les relations si pacifiquement rétablies entre ces deux pays ; l’espoir qu’elles firent naître en faveur du maintien de la paix entre eux, en attendant la conclusion d’un traité formel à cet égard ; la confiance que les citoyens prenaient chaque jour dans la sagesse politique du chef de l’État, dans son administration paternelle qui augmentait à tout moment le nombre des propriétaires ; la pensée de la conservation de la tranquillité publique, qui en résultait ; l’attachement qu’inspirait Pétion à toutes les classes : tout contribua à faire imaginer une grande fête nationale en l’honneur du premier magistrat de la République, comme l’expression de la haute estime qu’on lui portait. Daumec et Lespinasse eurent les premiers cette heureuse idée, qu’ils communiquèrent aux commerçans nationaux. Ceux-ci l’accueillirent chaleureusement, les commerçans étrangers réclamèrent la faculté d’y concou-

  1. Voyez au tome 1er de cet ouvrage, les pages 169, 328, 343 et 344.