Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/207

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besoin. En localisant, pour ainsi dire, ces malheureuses dispositions dans les communes, qui, par leurs représentans, participeraient désormais directement au gouvernement général de l’État, il pouvait espérer de rendre plus difficile, sinon impossible, l’esprit d’isolement départemental, par la satisfaction donnée à un plus grand nombre d’amours-propres ou d’ambitions individuelles.

Nous verrons bientôt, dans son discours d’installation à la présidence à vie, quels motifs il a donnés lui-même aux grands changemens survenus par la révision du pacte social. Mais pour nous qui étudions notre histoire nationale sans préoccupation, comme sans rancune à l’égard d’aucune individualité, c’est une question de savoir si, en outre du Sénat, Haïti avait encore besoin d’une Chambre de représentans. Nous n’hésitons jamais à émettre notre humble opinion et nos appréciations en toutes matières ; il nous sera donc permis de traiter ici cette question de haute importance.

Indépendamment de l’imitation et des considérations politiques que nous supposons ci-dessus, nous croyons encore que la lutte qui s’était engagée entre l’ancien sénat et Pétion influa sur l’institution de la chambre des représentans, d’autant mieux que ce dernier laisse entrevoir ce motif dans son discours du 10 octobre suivant. On avait vu le corps législatif forcé de céder au Président d’Haïti, et l’on crut sans doute qu’en introduisant la chambre dans le haut gouvernement de la République, on pourrait éviter désormais un semblable conflit, parce qu’en général les publicistes prétendent que la pondération du pouvoir politique est mieux assurée quand il est exercé par trois au lieu de deux corps[1]

  1. Dans sa lettre du 13 mars 1843 el dans ses Mémoires publiés ensuite, B. Inginac affirme