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arrivaient incessamment. Le 2 août, le général Boyer lui écrivit que quinze militaires des 3e, 4e, 8e et 20e régimens venaient d’y entrer, en déclarant que beaucoup d’autres s’étaient répandus dans les bois pour s’y rendre comme eux. Le 7, huit autres des 4e et 20e y vinrent. Le 9, trois dragons des chevau-légers vinrent aussi de Saint Marc. Le 14, une chaloupe canonnière, ayant une pièce de 12 à son bord, et trois barges armées, arrivèrent des Gonaïves avec 44 hommes et 15 femmes de couleur qu’on y avait embarqués pour être noyés : les noirs qui les montaient, indignés des atrocités que Christophe faisait commettre, sauvèrent ces infortunés. Tous ces transfuges s’accordèrent à dire, que les populations noires de l’Artibonite étaient généralement consternées de ces massacres. Le ciel se réservait de fixer le jour où elles en tireraient vengeance contre le Roi-Bourreau !

En ce temps-là, il était au Cap où il poursuivait l’exécution de ses hautes œuvres. Le général Jean-Philippe Daut était à la Petite-Rivière ; le général Toussaint Brave, à Saint-Marc ; et le général Guerrier, aux Verrettes. Aucun de ces généraux ne marcha contre Pétion et ses troupes, parce qu’ils craignaient la défection en masse de celles qu’ils commandaient.

À la fin du mois d’août, le président rentra au Port-au-Prince avec les troupes. Un grand résultat avait été obtenu par la défection de tout l’arrondissement du Mirebalais, où fut comprise la commune de Las Caobas ; et par là, les relations de commerce entre celles de Las Matas et de Saint-Jean et le Port-au-Prince devinrent actives : leurs habitans y vinrent vendre leurs bestiaux avec sécurité.