Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/270

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du laurier de la victoire, que la République d’Haïti s’est formée. Si nous portons nos regards sur le passé, sur ce qu’il a fallu entreprendre pour nous porter à notre situation présente, nous nous enorgueillirons du titre d’Haïtiens ; nous trouverons en nous-mêmes de nouvelles forces pour le soutenir, et nous pourrons avancer sans crainte, que pour avoir opéré ce que nous avons fait, nous ne pouvions être des hommes ordinaires.

… Placé à la tête de la nation, je n’ai rien négligé pour sa gloire, et j’ai dirigé les rênes du gouvernement pour le plus grand avantage de mes concitoyens… les droits du peuple sont incontestablement assurés, et chacun connaît quelle est l’étendue de ses droits et de ses devoirs.

C’est de la Représentation nationale que le peuple doit attendre sa félicité, et nos enfans la paisible jouissance de nos travaux et de nos sacrifices. C’est sur votre sagesse et votre dévouement à la patrie, citoyens législateurs, que tous les yeux sont ouverts.

… Je commence avec vous le nouvel exercice de mes fonctions : tous mes instans seront consacrés à vous seconder, pour foire jouir le peuple des avantages que nos institutions lui promettent ; et il n’y aura jamais pour moi de véritable bonheur au-dessus de celui que je pourrai partager avec lui. »

C’est le dernier discours officiel que prononça Pétion. Ce fut pour lui comme le chant du Cygne, car on aurait dit qu’il pressentait sa mort prochaine, au moment où il venait d’essuyer une forte maladie. Dans ce discours, son langage, ordinairement si modeste, est empreint de ce louable orgueil qu’il est permis à un chef d’État, fondateur des institutions politiques de son pays, de manifester