À son arrivée, Borgella fit sa première visite à Pétion, ainsi qu’il le devait. Il en reçut un accueil cordial, marqué de plus d’empressement et de bienveillance qu’il n’avait trouvé en lui dans ses précédens voyages à la capitale ; car alors, il avait observé de la part du président, un refroidissement qu’il ne pouvait attribuer qu’aux refus qu’il fit à ses instances pour y résider, après le siège de 1812, et encore d’accepter le commandement de l’arrondissement des Cayes, après la mort du général Wagnac[1]. En lui faisant cet accueil, Pétion l’encourageait à produire sa double réclamation.
Le général Boyer vint le voir et lui témoigna également une vive amitié ; et, apprenant dans quel but Borgella avait fait son voyage, il lui dit qu’il voulait être présent au palais afin de l’appuyer dans sa réclamation à Pétion, parce que, depuis quelque temps, le président se plaçait trop sous l’influence de certaines personnes qui l’avaient porté à faire des choses que lui, Boyer, considérait comme assez compromettantes pour la République ; et il cita, nommément Inginac, Sabourin, Daumec et quelques autres. À ce sujet, il désapprouvait les mesures prises pour les finances, lesquelles laissaient le gouvernement sans ressources pour payer l’armée et ses chefs ; les lois relatives au budget et concernant les attributions des grands fonctionnaires, celle-ci leur accordant plus d’appointemens qu’aux généraux de division. Boyer blâma également la tolérance que le président montrait pour le scandale des prodigalités de Piny,
- ↑ Il paraît que Pétion crut qu’il était secrètement mécontent. Sur son habitation, Borgella recevait beaucoup de visiteurs parmi les voyageurs ; il y en eut qui, en échange de l’hospitalité gracieuse qu’ils y recevaient, répandirent contre lui des propos malveillans au Port-au-Prince.