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qu’il essuya à la mi-octobre 1817. Il semble donc qu’il était constamment placé sous l’influence pernicieuse de l’épidémie qui régnait au Port-au-Prince.

Le dimanche 22 mars, jour de Pâques, il ne put ni aller passer l’inspection des troupes, ni assistera la grand’messe de cette solennité religieuse, comme il en avait l’habitude, parce que la fièvre le saisit de bonne heure, peut-être dans la nuit précédente. Son absence de la parade et de l’église fut remarquée avec une certaine inquiétude, et par l’armée et par la population : on voyait revenir trop souvent, depuis quelque temps, ces maladies persistantes.

Il y avait environ un mois que le général Borgella était au Port-au-Prince, et il avait fixé son départ au lundi 23 mars. Dans la soirée du dimanche, il se rendit au palais pour prendre congé du président, qu’il trouva couché dans sa chambre et souffrant de la fièvre. Il voulut abréger sa visite ; mais Pétion le retint, causant avec lui d’un ton calme. Cependant, vers neuf heures, Borgella lui dit que, partant le lendemain matin, il était venu le saluer et qu’il lui souhaitait un prompt rétablissement : « Comment, lui répondit Pétion, vous partez déjà ! Pourquoi vous pressez-vous de retourner chez vous ? Restez donc ici encore quelques jours. — Président, j’ai des travaux à faire exécuter sur mon habitation, et ma présence y est nécessaire. Mes aides de camp ont besoin aussi de retourner chez eux. — Quelques jours de plus n’y feraient rien, répliqua Pétion. » Mais Borgella insistant, il lui serra affectueusement la main, en lui souhaitant bon voyage[1]

  1. . Revenu chez mon père, le général Borgella lui dit qu’il venait de quitte Pétion ave un sentiment de pénible émotion ; qu’il trouvait que ses traits étaien profondément altérés