Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/355

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d’un arrangement avec la France, afin de parvenir à la consécration de l’indépendance nationale. Et en même temps qu’il favorisait celle de l’Amérique méridionale et l’émancipation des esclaves de cette contrée, il revisait le pacte social en fortifiant le pouvoir dirigeant du gouvernement pour le mettre en mesure de remplir ses obligations ; mais aussi en ajoutant une nouvelle branche au pouvoir législatif, dans l’espoir de mieux garantir les libertés publiques, de les préserver du despotisme. Sachant que les lumières sont leur plus solide appui, il jeta les fondemens de l’instruction publique, de l’éducation nationale, au profit de la jeunesse des deux sexes.

Par tous ces travaux importans, la mission de Pétion était réellement accomplie ; et c’est ce qui aura sans doute suggéré les réflexions dont s’agit. Car il ne restait plus qu’à développer successivement les institutions qu’il avait fondées pour couronner son œuvre politique : ce devait être le travail du temps et des circonstances plus ou moins propices. Or, malgré sa mort prématurée, le succès de cette œuvre, dans sa partie essentielle, est venu justifier ses prévisions : l’influence des institutions a amené l’unité politique d’Haïti par l’unité territoriale, et l’indépendance nationale a été consacrée solennellement, par les traités faits avec la France.

Pétion mourut dans toute la force de l’âge et doué d’une excellente constitution : s’il eût vécu encore quelques années, sait-on ce qu’il aurait accompli ? Il se serait trouvé toujours entouré des hommes de cette génération qui avait fondé la patrie avec lui, et probablement, ils ne se seraient plus opposés à son système politique, puisque déjà ils en avaient reconnu les avantages et que de nouveaux succès les en auraient encore convaincus.