Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/372

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pouvoir rémunérer ponctuellement les services publics ; prescrire à l’armée des obligations à suivre pour assurer sa force et sa discipline, c’était opérer utilement sur deux parties essentielles dans l’administration de tout pays ; et l’état de guerre où se trouvait la République donnait un nouveau prix à ces mesures. Néanmoins, sa force et sa stabilité ne dépendaient pas uniquement de ses armes ; le développement des idées, par l’instruction de la jeunesse, avait droit à une égale sollicitude[1].

Celle du président se porta, dans la première quinzaine d’avril, sur une autre mesure qui dépendait de l’édilité de la capitale, et dont la nécessité avait été reconnue au mois de février précédent. Il ordonna le nettoyage des rues, places et quais, par l’enlèvement des immondices qui les comblaient ; il fit réparer les fontaines publiques : déjà on ne faisait plus d’inhumations au cimetière intérieur de la ville.

On ne pouvait qu’applaudir à cette attention donnée par le chef de l’État, à la propreté d’une ville où la chaleur est si intense, à la circulation facile de l’excellente eau de Turgeau qui désaltère ses habitans, lorsqu’on se rappelait que trois années auparavant, le 3 juillet 1815, le général Boyer avait pris une semblable initiative par rapport à ces deux choses[2]. Mais, hélas ! pourquoi faut-il que l’histoire qui prend note de tout, dise dès à présent, que sous ce rapport, la longue administration du président ne répondit point à son commencement !…

Dans la situation où il prenait les rênes du gouver-

  1. On remarquera que la loi du budget ne fut pas exécutée, quant à l’armée surtout : s’il avait fallu la payer tous les mois, le gouvernement n’aurait pu mettre de l’ordre dans les finances, avoir un excédant en caisse pour payer les fonctionnaires publics.
  2. Par un Avis au public, le Général commandant de l’arrondissement :

    « Prenant en considération et voyant avec peine les difficultés que les habitans de cette