Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/410

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être présenté à la Chambre des représentans, ni de mettre à la disposition des administrateurs les sommes décrétées par le Sénat. » Mais, « il ordonnançait en dépense toutes les sommes qui devraient sortir du trésor public, n’importe pour quelque branche de service que ce pût être. »

Ce qui revenait à dire, qu’il n’y aurait plus de budget, mais seulement une reddition de comptes généraux, chaque année, tant en recettes qu’en dépenses[1].

Selon la loi, le Secrétaire général travaillait avec le Président d’Haïti sur les objets dont il était chargé. Mais il fut dit de plus que : « Le Secrétaire général est sous les ordres directs du Président d’Haïti ; il n’a la signature d’aucune pièce ; il veille à l’impression des lois et actes du gouvernement, à leur envoi aux autorités publiques, aux imprimeries de l’État, à la correspondance du Président d’Haïti, etc. »

  1. Il y avait certainement bien des considérations qui militaient en faveur du vote d’un budget de recettes et de dépenses, chaque année, pour la République. Mais, indépendamment du mauvais effet qu’avait produit celui de 1817 pour l’année suivante, et qui porta sans doute à y renoncer pour l’avenir, les revenus du pays sont si éventuels, que le budget aurait pu présenter presque toujours un inconvénient. Par exemple, une mauvaise récolte de café, principal produit, venant à diminuer de plusieurs millions de livres l’exportation de cette denrée, réduisait aussi d’une somme considérable la perception du droit d’exportation et de l’impôt territorial. Entre autres années, voici des chiffres à ce sujet :

    En 1823, on en exporta 33,600,000 livres ; — en 1824, 44,300,000 ; — en 1826, 33,200,000 ; — en 1827, 49,700,000 ; — en 1835, 48,400,000 ; — en 1837, 31,000,000.

    Ces chiffres prouvent la difficulté d’asseoir un budget de recettes, partant de dépenses. Et puis, l’importation des marchandises étrangères varie excessivement aussi d’une année à l’autre ; et cependant, c’est dans les douanes qu’aboutissent les plus grands revenus de l’État, car la perception des autres impôts est encore plus éventuelle. Dans le pays, on ne peut recourir aux emprunts pour combler un déficit : aussi, après les arrangemens pris avec la France, il fallut créer le papier-monnaie à cause de l’insuffisance des revenus.

    Un budget est convenable, surtout par rapport aux dépenses, pour limiter l’administration, afin de ne pas surcharger le peuple d’impôts. Mais ce n’est pas en cela qu’on peut rien reprocher au président Boyer : au contraire, il amis peut-être trop d’économie dans l’administration de l’État. Ce sujet mérite un développement auquel nous nous livrerons plus tard.