Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il déléguerait ce soin. Ces conseils furent chargés de la formation des matricules des corps, de l’annotation des faits qui pourraient porter à distinguer chacun des militaires par leur conduite, afin de les récompenser par leur avancement quand il y aurait lieu ; et ce sont ces conseils qui nommaient tous les sous-officiers, à moins de désignation spéciale du chef de l’État dans des cas fort rares : chacun d’eux était présidé par le colonel du régiment. D’autres dispositions de ce règlement tendaient à entretenir l’esprit militaire et à exciter une généreuse émulation parmi les défenseurs du pays.

Le malheur semblait poursuivre la ville du Port-au-Prince. Après le désastreux incendie du 15 août, un terrible ouragan s’abattit sur elle, le 28 septembre, et enleva la toiture de bien des maisons que le fou avait épargnées. Les dispositions de l’arrêté du président lui profitèrent encore et servirent à relever le courage remarquable des habitans de cette cité. Dans la plaine du Cul-de-Sac, les eaux de la Grande-Rivière, grossies par une pluie torrentielle, produisirent une inondation qui emporta beaucoup d’animaux et des cases de cultivateurs : plusieurs personnes périrent dans cette nuit affreuse. La tempête ne se fit pas moins sentir dans les montagnes avoisinantes, et la récolte du café en souffrit.

C’étaient sans doute deux catastrophes déplorables pour la capitale de la République, que cet incendie et cet ouragan dans l’intervalle d’une quarantaine de jours. Mais, quand les flammes changeaient sa fête patronale en une journée de désolation pour tous ses habitans, aucun d’eux ne pensait que, presque au même instant, la justice de la Providence frappait, enfin, le cruel Tyran qui, depuis quatorze ans, affligeait le Nord et l’Artibonite