Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/71

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Les officiers supérieurs chargés de commander les arrondissemens se sont toujours pénétrés qu’en recevant du gouvernement l’ordre de leur départ, ils recevaient un ordre d’aller recueillir des avantages pour eux-mêmes, comme autant de récompenses de leurs travaux militaires. Rendus à leur destination, leur premier soin est de rechercher ce qui peut concourir à établir leur fortune  ; tous les moyens leur paraissent convenables, ils les adoptent ; et sacrifiant la chose publique, ils ne s’occupent que d’eux-mêmes ; à leur exemple, leurs subordonnés négligent le service : de là, chacun ne s’occupe que de ce qui lui est personnel, le zèle et le patriotisme se refroidissent ; bientôt ils n’existent plus, la confiance des citoyens est détruite, l’ensemble si nécessaire dans tous les États disparaît : l’envie, la jalousie, les calomnies occupent toutes les têtes, la confusion est partout, et la désolation en est le résultat. Vous goûterez trop ces vérités, mon cher général, pour ne pas prendre le chemin qui est opposé à ce que je viens de vous dire. »

On voit par cette partie de ses instructions, que Pétion ne parlait pas seulement en chef d’État, mais qu’il écrivait en historien, en moraliste. Il le fit encore sur d’autres points. Après avoir prescrit à Bazelais des dispositions concernant le service militaire, des mesures à prendre par rapport à l’insurrection, aux troupes, aux gardes nationales employées à sa répression, « en inspirant à la fois aux soldats, les sentimens de l’amitié, de la justice, de la confiance et au respect, en leur parlant souvent, » il lui prescrivit aussi de faire soigner la culture et la plantation des vivres nécessaires à l’entretien des militaires, à la subsistance des populations :