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tions ; car Pétion serait indubitablement informé du véritable but de sa mission[1].

Rendus à la Jamaïque le 26 août, les trois agents y trouvèrent beaucoup d’anciens colons de Saint-Domingue qui s’y étaient réfugiés depuis longtemps. Aussitôt, ils dressèrent un plan de concert entre eux, en publiant un pamphlet intitulé : Considérations offertes aux habitans d’Haïti sur leur situation actuelle et sur le sort présumé qui les attend : cet écrit porta le nom de H. Henry. Il était basé sur les instructions du ministre Malouet dont la perfidie fut ainsi dévoilée, par les classifications qu’il établissait entre les Haïtiens. Ce pamphlet parvint de suite au Port-au-Prince et au Cap, par les relations de commerce qui existaient depuis deux ans entre Haïti et la Jamaïque.

Déjà, Pétion voulait les faire cesser, en publiant son arrêté du 15 août, qui prohiba toute exportation à l’étranger des grains et vivres du pays, comme conséquence de sa circulaire aux commandans d’arrondissement, sur la plantation de ces objets de première nécessité.

Il fit publier de suite une Réponse au pamphlet de H. Henry : rédigée par Sabourin, elle fut signée du nom de Colombus. Elle parut comme l’œuvre d’un Étranger qui, habitant la République, était à même d’apprécier la situation du pays et le caractère des Haïtiens. Nécessairement, le style de cet écrit devait être modéré, puisque son auteur supposé n’était pas intéressé dans la querelle qui se ravivait entre la France et son ancienne colonie. Mais, tout en démontrant que cette puissance

  1. Pétion reçut, en effet, des lettres de Londres a ce sujet : le général Hodgson et Lyon lui donnèrent également avis de ce qu’ils avaient appris. Leurs conseils a D. Lavaysse étaient dans ses intérêts personnels, — pour éviter le sort d’un espion.