Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/91

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Borgella n’avait aucun commandement dans le Sud, quitta Kingston le 17 octobre pour se rendre en France avec des dépêches du chef de l’agence, adressées au ministre de la marine. En vrai négociant, il s’enquit de ce qui pouvait être l’objet d’un commerce fructueux avec Haïti ; et sachant que dans la République, les étrangers n’étaient exposés à aucun danger, il fit ses réserves dans ses intérêts personnels pour devenir ensuite, sans s’en douter, le meilleur diplomate entre la France et son ancienne colonie.

Quant à D. Lavaysse, il s’était résolu, le 1er octobre, a adresser aussi une lettre « À Son Excellence le général Henry Christophe, chef suprême du gouvernement du Nord d’Haïti. » Elle était plus étendue que celle à Pétion et contenait autant de menaces à raison de la puissance de la France « et de ses alliés, surtout la Grande-Bretagne, qui, au besoin, uniraient leurs forces aux siennes. » L’agent faisait de grands éloges de Toussaint Louverture, et, par suite, déblatérait contre « Buonaparte qui avait fait périr ce chef injustement. » Il fit l’aveu, que la réserve stipulée en faveur de la France, de continuer la traite des noirs durant cinq années, n’avait d’autre but que de remplacer la population d’Haïti, si elle ne se soumettait pas à son ancienne métropole, etc. Enfin, dans un post-scriptum, D. Lavaysse annonçait à Christophe que Franco de Médina allait se rendre auprès de lui, qu’il méritait toute sa confiance ; et il lui envoya copie de sa lettre à Pétion, afin de prouver sa loyauté et qu’il était digne aussi de son estime.

En comparant cette correspondance avec les instructions de Malouet, qui recommandaient aux agents d’emprunter le masque de la duplicité pour se présenter à Haïti,