Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/93

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lition de l’infâme trafic des noirs, et qui ont profité de l’ascendant que leur donnait la victoire, pour recommander cette abolition à tous leurs alliés ». Il en appela aux philanthropes de toutes les nations, au genre humain tout entier. « Nous croyons, poursuivit-il, que Sa Majesté Louis XVIII, suivant l’impulsion philanthropique qui a régné dans sa famille, et imitant la conduite que son malheureux frère, Louis XVI, a tenue envers les États-Unis d’Amérique, marchera sur les traces de ce monarque et reconnaîtra l’indépendance d’Haïti. Ce ne serait qu’un acte de justice, une faible réparation des maux que nous a fait souffrir le gouvernement français. Libres de droit et indépendans de fait, nous ne renoncerons jamais à ces avantages ; non, jamais nous ne laisserons renverser l’édifice que nous avons élevé et cimenté de notre sang, du moins sans nous ensevelir sous ses ruines… Nous déclarons solennellement que nous n’accepterons jamais aucun traité, ni aucune condition capable de compromettre l’honneur, la liberté et l’indépendance du peuple d’Haïti. Fidèles à notre serment, nous nous ensevelirons sous les ruines de notre patrie, plutôt que de laisser porter la moindre atteinte à nos droits politiques. »

Par ce document, on voit que Christophe avait pris son attitude royale. Étant d’un caractère différent de celui de Pétion, il devait nécessairement agir autrement que le fit ce dernier, dont la haute politique ne s’effrayait de rien et savait tirer parti des hommes et des circonstances. Pétion se préparait déjà à faire de D. Lavaysse un avocat de la cause d’Haïti, quand Christophe lui fit répondre par le général Prévost, le 2 novembre, par une simple lettre accompagnant son Manifeste et d’au-