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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/133

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vient de s’opérer vous est aussi agréable qu’elle l’est à tous les autres citoyens de la partie occidentale de la République[1]. » Ces paroles furent accueillies avec un chaleureux enthousiasme. Boyer savait en inspirer à ses auditeurs, par la facilité de sa diction, par sa dignité dans ses fonctions et surtout par la physionomie agréable, prévenante, qui le distinguait dans ses heureux momens ; car alors toute la bonté de son cœur se reflétait sursa figure et dans son regard.

Après avoir pris possession de Santo-Domingo militairement, par la puissance des armes, le Président d’Haïti, reconnaissant la nécessité de sanctionner ce fait par l’investiture de l’autorité civile et politique dans toute la partie de l’Est, appuyée de la consécration religieuse, invita Nunez de Cacérès et les magistrats d’aller avec lui au Cabildo ou Municipalité, afin de constater régulièrement cette cérémonie par un procès-verbal, pour se rendre ensuite à la cathédrale et assister à un Te Deum chanté en actions de grâces.

La vanité et l’orgueil de Nunez de Cacérès attendaient ce moment, il paraît, pour se manifester par une sorte de protestation contre sa déchéance de la haute position qu’il s’était créée dans l’Est, par la révolution éphémère du 1er décembre. Indépendamment des défauts de son caractère qui le portèrent toujours à lutter contre ses supérieurs, — témoin les tracasseries qu’il suscita à Juan Sanches et aux autres gouverneurs, — lui qui n’avait été poussé à l’indépendance, dans ces derniers temps, que pour se venger du gouvernement espagnol, ainsi que nous l’avons dit, il ne

  1. Relation du secrétaire général Inginac, insérée dans le Télégraphe, et le Concorde du 24 mars 1822, nº 12.