Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/156

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suscitées. Bien que l’inexorable mort soit venue interrompre cette œuvre d’un citoyen éclairée il est intéressant pour l’histoire de produire ses dernières pensées sur le pacte social de son pays et sur les élémens qui devaient en former la nationalité elles feront regretter qu’il n’ait pu achever cet important travail. Voici quelques lignes qu’il écrivit lui-même et que nous transcrivons d’après le manuscrit que nous possédons :

« Je pense qu’une constitution ne doit contenir que ce qui détermine les formes de gouvernement, c’est-à-dire les rapports de ceux qui gouvernent avec ceux qui sont gouvernés.

Dans la nôtre, nous trouvons des dispositions générales, des maximes de morale qu’il est bon d’y conserver, afin que le peuple, les ayant sans cesse sous les yeux, s’en pénètre l’esprit et le cœur.

Toutes les dispositions variables, suivant les circonstances qui peuvent survenir, doivent être écartées d’une constitution ; car le pouvoir législatif ne pouvant plus les abroger, on est exposé, à tout moment, d’en venir à une révision. »

Sa faiblesse, résultant de sa maladie, ne lui permettant pas de continuer à écrire, Blanchet dicta les observations suivantes sur les quelques articles de la constitution qu’il eut le temps d’examiner[1] :

« L’art. 34 doit être retranché, parce que c’est au corps législatif à déterminer les fêtes nationales. Des circonstances mémorables peuvent devenir des fêtes pour la nation et comment pourrait-on les consacrer, si la constitution n’en

  1. Ce fut à C. Ardouin, jeune secrétaire et aide de camp du général Borgella, que Blanchet dicta ses observations. Vollà comment je possède ces notes et tes quelues lignes émanées de Blanchet.