Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/298

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naturelle, mon cœur et mes bras se sont ouverts pour accueillir dans cette terre de véritable liberté, des hommes sur lesquels la fatalité du destin s’appesantissait d’une manière si cruelle… Je me suis souvent demandé pourquoi Haïti, dont le ciel est si doux, et le gouvernement analogue à celui des Etats-Unis, n’était pas préférée pour leur lieu de refuge ? Craignant que mes sentimens ne fussent mal interprétés, si je faisais les premières démarches, je me suis contenté de bien faire expliquer à ceux d’entre eux qui étaient venus à Haïti, tout ce que la constitution de la République a établi de garanties et de droits en leur faveur ; j’ai aidé à s’acquitter ceux qui ne pouvaient se libérer du prix de leur passage ; j’ai donné des terres à ceux qui voulaient se livrer à la culture ; et par ma circulaire, en date du 24 décembre 1823, aux commandans d’arrondissement (de laquelle je vous envoie un exemplaire), vous vous convaincrez que j’ai préparé aux fils de l’Afrique sortant des Etats-Unis, tout ce qui pouvait leur assurer une existence honnête en devenant citoyens de la République haïtienne. »

Et alors le Président donna une réponse satisfaisante aux sept premières questions posées par M. Dewey, de manière à porter la société de colonisation à diriger les émigrans à Haïti. Quant à la huitième question, il lui dit : « Cela ne peut pas être. Les lois de la République sont générales, et il ne saurait y avoir de lois particulières. Ceux qui viendront, étant des fils de l’Afrique, seront Haïtiens du moment qu’ils auront mis le pied sur le sol d’Haïti ; ils jouiront du bonheur, de la sécurité, de la tranquillité dont nous jouissons nous-mêmes, quelle que soit l’obstination de nos détracteurs à soutenir le contraire. »