Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/347

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Alors, celui-ci témoigna aux commissaires ses vifs regrets de ce refus qui entraînerait des maux incalculables pour Haïti. Il dit même au général Inginac : que le ministère ; français avait prévu ce résultat, — ce qui était aussi l’opinion du général comte Donzelot, gouverneur de la Martinique, — à pause de l’influence exercée sur le Président par son secrétaire général, qui était entièrement à la dévotion de l’Angleterre, et apposé à tout arrangement avec la France. Inginac dut se défendre de cette imputation qui n’était pas fondée[1].

M. de Mackau ajouta : que le Roi de France lui avait donné mission, en particulier, de présenter ses complimens à Boyer, et qu’il désirait remplir cette obligation avant de se rembarquer, n’ayant pas encore eu l’honneur de le voir. Les, commissaires lui exprimèrent la pensée qu’une audience pourrait lui être accordée par le Président, s’il la demandait par éprit, et qu’au surplus ils, en entretiendraient ce dernier. M. de Mackau rédigea immédiatement une lettre à cet effet, qu’il leur remite[2] ; puis il retourna à son logement, tandis que les, commissaires allaient au palais pour informer Boyer de tout ce qui s’était passé entre eux et lui.

Le Président ne pouvait raisonnablement refuser de recevoir M. de Mackau ; et l’imputation d’influence que ce dernier fit au secrétaire général, qui n’hésita pas à lui parler

  1. Pour avoir servi sous les Anglais, durant leur occupation de quelques villes de l’ancienne colonie, B. Inginac fut toujours accusé par les Français de penser ainsi, et parce qu’encore il vantait souvent le caractère des Anglais et leur administration ; mais il était aussi bon Haïtien que n’importe qui, et il partageait les idées de Pétion à l’égard de la France. — Voyez ses Mémoires, page 70.
  2. Mémoires de B. Inginac, page 70. J’eus occasion de lire cette lettre de M. de Mackau ; et cependant, M. de Villèle a dit à la tribune, en 1826, que ce fut Boyer qui « évoqua la négociation à lui, au moment où M. de Mackau était prêt à s’embarquer pour faire bloquer les ports d’Haïti. »