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nue à cet égard, que je ne crains pas d’assurer qu’une déclaration formelle de son cabinet, sur ce point, serait obtenue si elle était demandée.

On a dit encore : Mais cet art. 1er  est un acte de souveraineté de la part du Roi de France ?

Oui, sans doute, et, dans cette circonstance, je ne manquerai pas à une franchise dont je crois avoir donné des preuves au Président.

Oui, le Roi de France se considère souverain de Saint-Domingue, jusqu’au moment où, par l’art. 3 de son ordonnance, il proclame l’indépendance d’Haïti. Dans sa position élevée, le Roi de France ne feint jamais, il dit tout ce qu’il pense.

Mais si l’art. 1er  est un acte de souveraineté, l’art. 3 n’en est-il pas un autre ? Et peut-on contester au Roi de France le droit de parler en souverain, alors que S. M. ne s’adresse aux Haïtiens que pour leur dire : « Soyez une nation libre et indépendante, et amie de mes sujets. »

Je voudrais être assez heureux pour faire passer de mon esprit dans celui de Son Excellence le Président, la conviction dont je suis pénétré. Non, ni la France, ni son bien-aimé souverain ne veulent tromper une nation nouvelle à laquelle nous ouvrons nos bras avec confiance !

Je crois avoir donné au Président, pour l’en convaincre, moins par cette note que par mes fréquentes explications verbales, toutes les raisons qui étaient en mon pouvoir. Un dernier moyen me reste, je l’offre, et il pourra servir à me juger.

Je suis assuré que l’ordonnance du Roi, acceptée et entérinée à Haïti dans les formes voulues par la République, S. E. le Président d’Haïti obtiendra facilement du cabinet de Sa Majesté, la déclaration que paraît rendre indispensable l’inquiétude générale. J’en suis tellement persuadé, que je m’en rends garant, que je m’offre à rester seul en otage jusqu’à ce qu’elle ait été obtenue.

J’enverrai un des bâtimens de ma division porter en France l’acte de l’enregistrement de l’ordonnance : je céderai à un de mes officiers le bonheur d’aller annoncer au Roi cette importante nouvelle, et j’attendrai ici l’effet de la promesse que me permet de