Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un peuple à la tête duquel il m’est si glorieux d’avoir été appelé !

» Si les Haïtiens, par leur constance et leur loyauté, ont mérité l’estime des hommes impartiaux de toutes les nations, il est juste de rendre ici un hommage éclatant à la gloire incontestable que, par cet acte mémorable, le monarque de la France vient d’ajouter à l’éclat de son règne. Puisse la vie de ce souverain être longue et heureuse pour le bonheur de l’humanité !

» Depuis vingt-deux ans, nous renouvelons chaque année le serment de vivre indépendans ou de mourir : désormais, nous y ajouterons un vœu cher à notre cœur, et qui, j’espère, sera entendu du ciel : que la confiance et une franchise réciproque, cimentent à jamais l’accord qui vient de se former entre les Français et les Haïtiens ! »

À son tour, M. de Mackau, se levant, parla ainsi avec un accent qui décelait sa profonde satisfaction de l’heureux succès de sa mission :


xxx« Monsieur le Président,

» Le Roi a su qu’il existait sur cette terre éloignée, autrefois dépendante de ses États, un chef illustre, qui ne se servit jamais de son influence et de son autorité que pour soulager le malheur, désarmer la guerre de rigueurs inutiles, et couvrir les Français surtout de sa protection[1].

» Le Roi m’a dit : « Allez vers cet homme célèbre, offrez-lui la paix, et, pour son pays, la prospérité et le

  1. Boyer, de même que Pétion, fit toujours respecter tous les étrangers qui venaien dans la République, où il n’y avait aucun consul ; mais il est vrai que les Français se trou vaient parfois plus exposés que les autres nations, notamment lors de l’équipée de Samana. Tout en ordonnant des mesures à leur égard eu cette circonstance, il était aussi du devoir du Président d’Haïti de les faire protéger.