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de telles armes étaient aussi impuissantes que d’autres à détruire le faisceau national érigé par le patriotisme haïtien. Ce qu’il avait prévu arriva, et l’évêque dut être renvoyé de la République, six mois à peine après son arrivée, tant sa conduite avait, justifié les soupçons conçus contre lui et contre sa mission occulte.

Mais une autre mission, ayant ce caractère, était aussi essayée en même temps. Des ouvertures furent faites à Boyer par un ancien commissaire du gouvernement français, qui avait vainement tenté de porter Pétion à reconnaître la souveraineté de la France, sous une forme constitutionnelle. Dans ses propositions nouvelles, il ne s’agissait plus que d’une simple suzeraineté, ou le droit à un protectorat. Elles ne pouvaient pas être plus agréées que les premières, et le chef d’Haïti, mieux placé encore que son prédécesseur pour les repousser, se borna à faire revivre l’offre d’une indemnité qu’il avait faite, pour obtenir de la France, la reconnaissance de l’indépendance nationale.

Ce fut à cette époque, que la Veuve et les filles de H. Christophe quittèrent leur pays volontairement pour aller finir leurs jours sur la terre étrangère, après avoir payé un tribut d’hommages de leur gratitude envers Boyer, et que l’ancien évêque de Blois, le philanthrope Grégoire, constant ami des noirs, entretint avec lui une correspondance qui respirait les sentimens chrétiens les plus purs.

Les événemens politiques du commencement de l’année avaient fait ajourner l’époque de la session législative. Dans l’intervalle, le chef du gouvernement recommanda, prescrivit diverses mesures pour favoriser l’agriculture et le commerce national, deux branches d’industrie qui sont et seront toujours le grand objet de la sollicitude de toute administration éclairée, et des désirs légitimes des citoyens.