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comme séjour. Il périt victime de son audace, mais d’une manière qui fit concevoir l’idée d’un assassinat politique aux malveillans toujours prêts à imputer de mauvaises actions au gouvernement.

Aussitôt, un esprit turbulent et pervers, concevant le projet de renverser Boyer du pouvoir, et croyant trouver un utile concours de la part des représentans opposans, osa adresser à la Chambre des communes une pétition dans ce but. La Chambre en ayant fait donner une lecture publique, sans dénoncer le fait au pouvoir exécutif, et sans prendre aucune mesure contre le pétitionnaire, Boyer conçut des soupçons de connivence entre lui et les opposans, et il ordonna leur arrestation. Cette mesure produisit une telle agitation à la capitale, que la Chambre, intimidée, prononça l’exclusion de son sein de ceux de ses membres qui avaient été arrêtés, pendant que le pétitionnaire subissait la peine de mort prononcée par une commission militaire qui le jugea. Cette exclusion inconstitutionnelle fut le premier pas fait dans une voie qui, par suivie d’autres législatures, devait conduire le pays à une révolution politique.

L’année suivante, sur la pressante invitation de l’ancien commissaire français qui lui avait fait des ouvertures en 1821, Boyer se décida à envoyer un agent chargé de négocier avec son gouvernement pour en obtenir la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti. Mais cette mission ne put aboutir au résultat désiré : ce qui porta l’ancien commissaire à provoquer l’envoi de nouveaux agents.

Ils partirent d’Haïti en 1824 pour n’être pas plus heureux que celui qui les précédèrent, le gouvernement français voulant obtenir, non-seulement une indemnité considérable, mais encore un droit de souveraineté extérieure sur Haïti.