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solde à toute l’armée ; il continua à délivrer des dons nationaux aux officiers et aux soldats qui n’en avaient pas reçus en 1820. Le jour de Pâques, 22 avril, il parla aux habitans propriétaires, aux gérans, conducteurs et cultivateurs de l’arrondissement qu’il avait fait venir au Champ de Mars du Cap-Haïtien, pour leur expliquer de nouveau le système bienfaisant de la République, et les prémunir dorénavant contre les tentatives audacieuses des partisans du système déchu ; et ces paroles portèrent leur fruit, dans le Nord comme dans l’Artibonite, durant 22 ans. Car les populations des campagnes restèrent toujours soumises au gouvernement de Boyer : elles avaient tant gagné à passer sous ses ordres ! Celles des villes y avaient gagné aussi ; mais c’était dans leur sein que les ambitions individuelles se laissaient, circonvenir par l’espoir d’une situation meilleure.


Le calme survenu au Cap-Haïtien permit au Président d’aller visiter les communes des arrondissemens du Fort-Liberté, du Trou et de la Grande-Rivière : il partit le 25 avril et revint le 6 mai.

Le même jour où il avait quitté cette ville, la Franchise jeta l’ancre dans le port, ayant à son bord un agent français chargé d’une mission secrète, mais qui prit passage sur ce garde-côtes au Port-au-Prince, comme s’il n’était qu’un commerçant qui se rendait au Cap-Haïtien pour ses affaires. Cet agent était arrivé le 16 avril à la capitale, sur un navire marchand. Il se nommait Aubert Dupetit-Thouars, et était membre d’une ancienne famille de colons de Saint-Domingue dans le Nord, et officier de la marine française ; mais, pour mieux garder l’incognito dans sa mission, il n’avait pris que son premier nom — Aubert.