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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/43

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Il était porteur d’une lettre de M. Esmangart, conseiller d’État ; et alors préfet de la Manche, en date de Paris, le 5 février 1821, adressée à Boyer, qualifié simplement de Président. Déjà, le 25 décembre 1820, ce préfet avait écrit à Boyer, selon ce qu’il lui disait dans cette lettre, et avant même qu’on eût reçu en France la nouvelle de la réunion du Nord à la République[1].

Lorsqu’à la fin de novembre 1820, l’amiral Duperré eut échangé des lettres courtoises avec Boyer, arrivé aux débouquemens, il avait expédié la frégate la Cléopâtre à Brest pour apporter ses dépêches au ministre de la marine, lesquelles lui rendaient compte de cette particularité ; et le capitaine Mallet, commandant de la frégate, qui s’était entretenu avec le Président et le secrétaire général Inginac, au Cap-Haïtien, qui avait observé l’état des choses en cette ville, put ajouter au rapport de son amiral adressé au baron Portal. Le gouvernement français avait donc une information officielle du grand événement survenu à Haïti, par la mort de Christophe.

En conséquence, M, Esmangart qui, depuis la mission de 1816 où il était réellement l’homme important, le plus capable d’apprécier la situation d’Haïti, et qui, quoique colon, était dégagé des préventions puériles de ses co-intéressés dans la question à résoudre, M. Esmangart avait saisi l’occasion du triomphe moral de la République sur le système du Nord, pour exposer au gouvernement français que le moment lui paraissait opportun de prendre une résolution à l’égard d’Haïti. D’après les précédens qui avaient eu lieu, le 2 janvier 1821, il adressa au conseil

  1. Il est presque impossible qu’au 25 décembre 1820, on n’eût pas encore appris, en France, les événemens accomplis dans le Nord au 26 octobre ; dans tous les cas, Boyer n’avait pas reçu la lettre du 25 décembre.