Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/53

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dans toutes les guerres que les puissances maritimes se feraient entre elles.

Voilà, Monsieur le préfet, les seules bases sur lesquelles il est possible de conclure un arrangement avec le gouvernement de France… »

En effet, Boyer ne pouvait pas penser différemment que Pétion à cet égard. Cette réponse étant remise à M. Dupetit-Thouars, il partit du Cap-Haïtien, le 12 mai, directement pour la France. Quatre jours après, le président écrivit une autre lettre à M. Esmangart pour confirmer celle du 10, en lui disant que c’étaient là « les seules bases sur lesquelles il lui serait possible d’entamer des négociations relativement à la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par le gouvernement français, » et qu’il espérait que M. Esmangart parviendrait à les faire admettre.


Lorsque Boyer visitait l’arrondissement du Fort-Liberté, étant à Ouanaminthe, il avait reçu des habitans de Laxavon et de Monte-Christ, leurs vœux pour la réunion de l’Est à la République. Mais en même temps, le Président n’ignorait pas que le parti qui voulait son indépendance de l’Espagne et l’alliance avec la Colombie, prenait de la consistance à Santo-Domingo surtout. La temporisation était donc la politique qu’il convenait de suivre encore avec cette partie d’Haïti, afin de ne pas y faire naître l’idée que la République voulait contraindre les volontés.

Cependant, le Président ne pouvait pas négliger l’action de quelques agents secrets, chargés de provoquer une manifestation en sa faveur. À tort ou à raison, le chef d’escadron Charles Arrieu fut considéré comme l’un d’entre eux. Natif du Fort-Liberté, il avait eu le grade d’officier dans les bandes de Jean-François et Biassou ; il était connu de bien