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ner une renonciation à tous rapports avec la cour de Rome, si le gouvernement haïtien n’était pas pénétré de ses devoirs envers le peuple catholique qu’il dirigeait. Nous ignorons si le Président écrivit au Saint-Père au sujet du renvoi de ce prélat ; mais nous savons que deux années après, son gouvernement entretint une correspondance avec la cour de Rome, dans l’intérêt de la religion catholique en Haïti : le moment viendra d’en parler.

Celle de H. Grégoire avec Boyer fut marquée encore par l’expression d’autres sentimens d’attachement à la cause de la race noire et à celle d’Haïti en particulier. Le 20 août, il lui adressa une nouvelle lettre qui lui annonçait un envoi de livres dont il faisait cadeau à la République. « Il vous importe, disait-il au Président, d’avoir une bibliothèque publique, une pour le gouvernement, une pour le lycée votre sagesse statuera sur l’application des livres que je vous envoie. » Il lui envoya aussi des écrits publiés en espagnol contre la traite des noirs. « Il serait bon de faire connaître ces écrits à Santo-Domingo qui, nous dit-on, projette ou propose même de se réunir à vous. Heureuses les révolutions et les réunions qui s’opèrent sans effusion de sang ! Il importe de préparer cette réunion, de telle sorte qu’elle soit de part et d’autre désirable, honorable et profitable. »

Et après avoir indiqué à Boyer les moyens d’aider les philanthropes européens à l’abolition de la traite, s’il pouvait se procurer des renseignemens certains dans les îles de l’archipel où ce trafic était établi ; après lui avoir recommandé une lettre que lui adressaient des Grecs qui habitaient Paris et qui faisaient un appel aux Haïtiens, pour voler au secours de leurs compatriotes insurgés contre la Turquie, Grégoire lui rappelait que, précédemment, il lui