Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/74

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avait envoyé des observations sur la réception des bulles, brefs et rescrits de Rome, ainsi que cela se pratiquait dans l’ancienne colonie[1]. Cette partie de sa lettre faisait allusion à la mission de M. de Glory, et il ajouta :

« L’or étant le plus précieux des métaux, est par là même le plus exposé aux tentatives des falsificateurs. La religion étant ce qu’il y a de plus sacré, de plus cher, de plus important pour l’homme, est par la même raison exposée aux spéculations des pharisiens, qui s’en servent pour parvenir à leurs fins. En Europe, trop souvent la politique voulut, sous un voile prétendu religieux, cacher les trames du despotisme et fit un abus sacrilège de ce que la bonté divine accorda à la race humaine pour son bonheur en ce monde et en l’autre. Fasse le ciel qu’un jour Haïti ait un clergé respectable élu ou du moins admis par la confiance des fidèles et de l’autorité publique, et qui, institué d’une manière canonique et surtout d’après les règles de la sainte antiquité, procure à cette vaste contrée tous les moyens d’y propager, d’y maintenir dans toute la pureté les principes et les maximes de l’Église catholique ! L’exemple est le plus éloquent des prédicateurs ; l’exemple doit en tout concorder avec les discours sur la morale évangélique. Malheur à ceux qui, stimulés par l’avidité des richesses, des honneurs, chercheraient autre chose que le salut des âmes ! Quand il s’agit d’Haïti, la tendresse m’entraîne… J’étendrais mes observations sur d’autres objets, si je ne craignais. Monsieur le Président, d’entrer en quelques détails sur les pièges qu’on pourrait tendre, sur les trames qui peut-être s’ourdissent, etc., etc.

  1. À ce sujet, Grégoire lui indiqua même la page 588 du 1er volume de la Description de Saint-Domingue, par Moreau de Saint-Méry, où il est fait mention du refus fait par Louis XV de permettre l’enregistrement d’un bref de Benoit XIV, relatif à des affaires religieuses dans les colonies, rendu en 1745, et que des prêtres voulaient exécuter au Cap.