Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/80

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Nord, pour écarter Haïti de son Congrès de Panama où il prétendait constituer une amphictyonie des États indépendans de l’Amérique ? Les préjugés de couleur et de race qui régnaient alors parmi les représentans de ces États, n’auraient-ils pas surgi en Grèce à l’apparition des Haïtiens qui s’y seraient rendus ?…

Pénétré de ses devoirs envers son pays, Boyer répondit à la lettre qu’il reçut des quatre Grecs. Il leur dit franchement qu’il ne pouvait, quant à présent, satisfaire à leurs désirs et leur demande de secours, vu la situation où il se trouvait, mais qu’il le ferait aussitôt que les circonstances le lui permettraient. Il entendait par là des secours en argent ; mais il est évident qu’il ne faisait en cela qu’une réponse honnête pour ne pas donner lieu à croire qu’il était peu sympathique à cette cause ; car il dut prévoir que la prochaine incorporation de l’Est à la République allait occasionner d’énormes dépenses. C’est ce qu’il dit même dans sa lettre en réponse à celles de Grégoire ; et il remercia celui-ci de l’envoi des livres et des conseils qu’il lui avait donnés sur différens sujets, notamment sur la religion catholique qu’il voudrait maintenir dans toute sa pureté.


Le 18 juillet, le Président d’Haïti avait publié un ordre du jour pour annoncer que la délivrance de toutes concessions de terrains, à titre de don national, était provisoirement suspendue, afin de mettre les nombreux concessionnaires antérieurs en mesure de fixer leurs abornemens, et le gouvernement à même de savoir où il y aurait encore des portions disponibles, surtout dans les départemens de l’Artibonite et du Nord. Cet acte recommanda aux officiers militaires exerçant la police des campagnes de veiller à la