Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/86

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teur qui, dans votre dernière séance, a judicieusement et mathématiquement prouvé que l’existence des agents de commerce étrangers, sous le rapport de spéculation commerciale, nous menaçait d’une ruine et d’une décadence inévitables ! »

Ce préambule suffirait pour faire connaître le précédent discours ; mais la Chambre les ayant recommandés tous deux au pouvoir exécutif, étant devenue l’organe de ses deux membres auprès de lui et de la nation qu’elle représentait, il est convenable de poursuivre :

« Je ne reviendrai pas, continua Saint-Martin, sur tous les principes et les conséquences qui ont été démontrées et qui n’ont point échappé à vos méditations ; nous en éprouvons trop le funeste effet pour n’avoir pas été obligés d’en gémir en silence. Quel est celui de nous qui, depuis notre existence politique, n’a point remarqué avec une douloureuse émotion, que notre soumission et notre dépendance étaient absolues dans le système du commerce ? Quel est celui de nous qui, chérissant sa patrie, ne s’est point senti cruellement offensé, lorsqu’il a vu qu’une de ses principales branches de prospérité ne sert qu’à enrichir et à nourrir l’orgueil de ceux qui n’ont jamais eu le mérite de nous apprécier ? Aurions-nous brisé nos chaînes, déchiré le voile qui obscurcissait les idées philosophiques et libérales ? Aurions-nous démontré à tous les peuples de l’univers qu’Haïti est invulnérable par sa situation sur le globe et les vertus héroïques de ses habitans ? Aurions-nous offert au monde étonné l’exemple d’une détermination qui a pour base — indépendance ou la mort, — pour nous courber honteusement sous la puissance de ceux que nous avons repoussés et vaincus ? Non, et à jamais, non ! Soyons vraiment indépendans chez nous ; mettons le complément à nos œuvres si