Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 9.djvu/85

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tion, et sur l’objet dont ils traitaient, et sur les vues des deux orateurs, le premier étant l’un des représentans du Port-au-Prince, le second, un de ceux du Cap-Haïtien.

Nous ne possédons plus le discours de Pierre André, qui fut imprimé à cette époque, et nous ne pouvons en parler que d’après nos souvenirs ; mais nous avons sous les yeux celui de Saint-Martin qui fut publié sur le nº 23 de la Concorde, du 14 octobre 1821 : ce dernier servira à expliquer l’autre auquel il faisait suite, selon l’expression du Bulletin des lois. Il est important d’y donner quelque attention ; car, s’ils ne furent pas la cause du grave événement survenu dans la session de 1822, ils y contribuèrent pour quelque chose, surtout en ce qui concerne ces deux représentans.

Si nos souvenirs sont exacts, le discours de Pierre André était basé sur cette idée : — « que l’Etat, la République » s’appuyait sur trois colonnes : l’agriculture, le commerce et l’armée ; que, de même que les Haïtiens seuls pouvaient être militaires et propriétaires-agriculteurs, de même ils » devaient être en possession du commerce du pays, pour mieux supporter les charges qui leur incombaient comme citoyens. » Suivant cette idée, la conclusion naturelle qui en découlait, c’est que les étrangers n’étaient nullement intéressés à la prospérité d’Haïti, où ils faisaient cependant de grosses fortunes au détriment de ses enfans.

Dans son discours, Saint-Martin eut un enthousiasme lyrique pour celui de son collègue ; il comparait « l’énergie républicaine qui animait la Chambre à une batterie électrique constamment chargée, et il était certain, disait-il, que l’étincelle du patriotisme, partant dans cette enceinte, devait produire la commotion la plus spontanée. » Levons-nous ! mes estimables collaborateurs, pour rendre hommage aux talens et au civisme de l’honorable ora-