Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/120

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faire exécuter le présent décret et pour porter secours et protection à Saint-Domingue.


Il proposait ensuite les mesures qu’il jugeait convenables. Parmi elles, six mille hommes de troupes, surtout le 9e régiment dit de Normandie, que Blanchelande avait renvoyé en France ; la mise en réquisition des colons qui étaient en France, dont le civisme serait connu ; la séquestration, au profit des défenseurs de la colonie, du revenu de ceux des colons suspects ; des canonniers, de l’artillerie, des armes, des munitions, deux mille chevaux de selle et de trait à prendre aux États-Unis, etc. Enfin, organiser à Saint-Domingue un directoire de douze membres, dont six à la nomination du comité de salut public et les six autres à celle des colons. Et les instructions à donner à ce directoire seraient :

1o De traiter avec une égalité parfaite les citoyens, sans distinction de couleur.

2o De tenir les troupes en haleine et de ne jamais les fatiguer.

3o D’entretenir des espions parmi les révoltés (les noirs), de connaître les blancs qui dirigent leurs mouvemens, et mettre leurs têtes à prix. De corrompre, égorger ou empoisonner les chefs de la révolte. De traiter avec les révoltés et leur proposer l’invasion de la Jamaïque.

Telles étaient les propositions et les maximes immorales professées par ces hommes altérés du sang de leurs semblables. Robespierre lui-même recula devant leur application.

On peut fort bien croire que, si Page proposait de mettre à prix les têtes des blancs comme lui, de corrompre, égorger ou empoisonner les chefs noirs des