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qui présenta les drapeaux, en adressant le discours suivant à la municipalité :


« Messieurs,


» Nous venons déposer, avec autant de confiance que d’empressement, dans le sein des représentans de la commune du Port-au-Prince, des drapeaux sous lesquels nous avons éprouvé de longs malheurs, sans néanmoins les avoir jamais abandonnés. Notre attachement et notre fidélité à ces mêmes drapeaux doivent être un sûr garant de notre conduite à venir pour le soutien des drapeaux de la garde nationale dont nous faisons partie.

» Puissent tous les citoyens que vous représentez être convaincus de notre désir ardent à coopérer avec eux au rétablissement d’une paix qui nous est nécessaire à tous, et de notre zèle à poursuivre tous les ennemis d’une révolution qui doit nous rendre heureux !

» C’est dans ces sentimens que nous apportons nos bannières.[1] »


Si cette cérémonie était calculée de la part des blancs, pour inspirer une entière confiance aux hommes de couleur, Bauvais, qui représentait ses frères, en sauvegardant leur dignité par ses paroles modérées et fermes, donnait à entendre à leurs adversaires, nous devrions dire leurs éternels ennemis, que les hommes de couleur n’abdiquaient point le droit qu’ils se réservaient de poursuivre, de combattre tous ceux qui se déclareraient contraires aux principes de la révolution française. Cette

  1. Débats, t. 7, p. 291. Ces drapeaux étaient tricolores : Bauvais faisait allusion à la répugnance des colons pour cet emblème de la nationalité française.