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une circulaire pour défendre l’entrée des ports de la République à tous ces corsaires, ou à leurs prises qu’ils y introduisaient dans le but de vendre leurs chargemens : ce qui entraînait déjà une contrebande très-nuisible aux intérêts du fisc et compromettait la neutralité qu’il fallait observer. Tout en prévoyant cependant certains cas où l’humanité oblige à permettre la relâche forcée d’un navire quelconque, la même circulaire prescrivait l’arrestation de ceux qui la simuleraient pour trouver l’occasion de vendre des marchandises en fraude : dans ce dernier cas, les navires seraient confisqués ainsi que leurs chargemens. L’effet de ces dispositions fut de produire beaucoup de confiscations qui furent toutes prononcées par le tribunal d’amirauté du Port-au-Prince ; car, malgré la défense du gouvernement, les corsaires insistèrent souvent à entrer dans les ports de la République, ou à y envoyer leurs prises, même sur les côtes, pour débarquer en fraude les marchandises dont ils ne savaient que faire.

Le succès obtenu aux États-Unis par l’admission du brig le Coureur, porta Pétion à essayer aussi une expédition maritime et commerciale à Londres. À cet effet, il engagea les négocians nationaux du Port-au-Prince à réunir leurs intérêts pour la faire, en chargeant de denrées pour leur compte le brig de l’État le Conquérant, afin d’opérer eu retour l’importation de marchandises anglaises. Goûtant son idée, ils formèrent la cargaison qu’ils confièrent à deux d’entre eux, les citoyens J.-F. Lespinasse et Pitre jeune. Le président les dispensa de payer les droits d’exportation, pour leur donner plus de facilité dans cette opération d’essai. Il fit composer l’équipage des meilleurs marins de la flotte, sous le commandement de Chéri Moisant, excellent officier, qui