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rière-pensée d’intriguer plus tard pour tâcher de ressaisir la proie qui leur échappait des mains[1].

Les aides de camp du président, informés de cet esprit mal intentionné, en firent leur rapport. Le général Nord Alexis, dont les sentimens étaient si honorables, avait même été obligé de les accompagner jusqu’à Plaisance, avec son corps de chevau-légers, pour les protéger contre une embuscade que Romain avait fait poser vers le Camp-Coq, pour les assassiner[2].

Cette information porta le président à faire accélérer la marche de l’armée pour arriver au Cap, et déjouer ces intrigues factieuses. Cette armée était d’une discipline, d’une tenue admirables, par les soins des généraux commandant les diverses divisions. Partout sur son passage, les populations des campagnes accouraient pour la voir[3]. Le digne et vertueux Magny, en tête avec sa division, allait enfin retrouver sa famille après huit années de séparation.

La plupart des généraux et des officiers de tous grades vinrent au-devant du Président d’Haïti, qu’ils rencontrèrent au Morne Rouge et qu’ils complimentèrent, en lui présentant leurs hommages de dévouement à la République. Il les accueillit avec cette gracieuse affabilité qui lui était particulière, en les félicitant de la résolution patriotique qu’ils avaient prise de s’y réunir, pour reconstituer désormais l’unité haïtienne, si nécessaire, si indis-

  1. On sera convaincu de cette assertion, dans la relation des faits en 1821.
  2. Le vieux colonel Macaya, qui figura en 1793, était le chef de cette embuscade placée sous le nom de poste, soi-disant pour faire la police de cette partie de la route. Arrivé la, le général Nord lui tint un langage menaçant, en lui déclarant qu’il n’ignorait pas de qui il avait reçu des ordres pour exécuter le projet qu’il venait déjouer avec son corps de cavalerie.
  3. Pendant que l’armée marchait sur le Cap, le général Nicolas Louis allait à la tête d’une colonne s’emparer du Port-de-Paix, où il entra sans coup férir.