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le replacer à l’état de colonie. Mais, en repoussant cette proposition, comme inacceptable, Pétion lui offrit de rétablir les relations commerciales entre Haïti et la France, et de payer à celle-ci une indemnité en faveur des anciens colons, pour leurs propriétés foncières confisquées : ce qui était en corrélation avec les instructions qu’il donna à son envoyé à Londres. La négociation ne put donc aboutir à aucun résultat.

Le chef de la mission française allait partir, lorsque Christophe dévoila la perfidie de son but, par les instructions qu’il saisit sur la personne de l’agent envoyé auprès de lui et qu’il fît imprimer, en envoyant des copies à Pétion. Mais ayant considéré cet agent comme un espion, il lui fit subir des interrogatoires dans lesquels il introduisit des imputations contre Pétion, tendantes à le perdre aux yeux des Haïtiens, comme s’il conspirait avec le gouvernement français pour les replacer sous le joug de l’esclavage. Christophe envoya également des copies imprimées de ces actes, non moins perfides que ceux émanés du gouvernement français.

Les uns et les autres ne purent ébranler la confiance que le peuple de la République avait en son premier magistrat. Mais celui-ci congédia immédiatement l’agent français qui était auprès de lui, tandis que Christophe fit condamner l’autre à mort et le fit exécuter.

Pendant que les deux chefs d’Haïti renouvelaient le serment prêté le 1er janvier 1804, de défendre l’indépendance et la souveraineté nationale contre la France et toutes autres puissances du monde, les écrits et les actes qu’ils firent publier à l’occasion de la mission française parvenaient en Europe, et y excitaient une vive indignation dans tous les esprits libéraux, contre les manœuvres