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Page:Argens - Julien l’Apostat - Deffense du paganisme par l’empereur Julien.djvu/25

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grand jour bien des verités évidentes, aux quelles tout lecteur, qui a le sens commun, est obligé de se rendre. Cependant ce même Historien n’a point été aussi loin qu’il auroit dû le faire, soiit qu’il ait craint qu’on ne l’accusât d’être trop hardi, et qu’il ait redouté la superstition, soit qu’il n’ait pû se dépouiller de tous les préjugés ; il a fait un portrait de Julien, qui n’est pas encore assés ressemblant à l’original. Voions d’abord ce portrait, nous examinerons ensuite quels sont les endroits, qui le rendent défectueux.

:« Julien. dit l’auteur de sa vie, a eu de grandes qualités, et la Religion qui nous ordonne de prier pour nos persècuteurs, tandis qu’ils peuvent se convertir, ne nous permet pas de noircir injustement leur memoire, lorsqu’ils ont reçu leur condamnation. Mais il eut suffi de grands defauts. Ensorte, qu’après avoir distingué avec précision l’apostat du Philosophe et de l’Empereur, je trouve qu’il ne fut point un grand homme, mais un homme singulier. Il n’eut point ce fond de bon sens, qui doit être le centre et le point fixe des vertus ; qui n’en laisse briller aucune aux depends de l’autre ; qui ne les outre jamais ; qui les régle, les unit, et par un heureux concert  forme l’homme vertueux. Une passion déreglée pour la gloire le porta, avec une espéce de fanatisme, à tout ce qui lui parut estimable, et par un faux goût il estima »
tout