tation d’écrivain, il fallait mettre dans un nouveau cadre les plaisanteries, les ridicules, les sarcasmes de ce qu’on appelait abusivement la philosophie, et adopter un style exagéré. Ce n’était point ainsi que Bayle, pour le citer encore, dévoila les sottises du papisme et les persécutions fanatiques exercées contre les sectaires, dans les ouvrages qu’il publia dans l’avant-dernier siècle.
La Philosophie du Bon Sens, autre ouvrage de notre auteur, ne donne pas une plus haute idée de son talent pour les matières graves ; il a voulu imiter Montagne, comme dans ses Lettres Juives, Chinoises, Cabalistiques, il avait pris pour modèle les Lettres Persanes de Montesquieu, et avant elles l’Espion Turc ; mais toute imitation aussi éloignée du modèle, n’annonce pas le génie qui a présidé à l’original. Il débute dans la Préface, mise à la tête de ce livre, par défendre Montagne contre ses ennemis, qu’il appelle les dévots, et cette peine très-inutile le conduit à plusieurs remarques où il juge Pascal comme on ferait d’un homme ordinaire ; il parle à peu près de même de Mallebranche, qui pouvait avoir des visions, mais qui n’était pas moins très-savant et très-habile