Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/174

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œuvre autre chose que des argumens. Il venait me voir tous les jours ; il était infiniment poli, et, quoiqu’il fût mon plus grand adversaire, je ne pouvais m’empêcher de l’aimer ; je comparais ses manières avec celles de Vaumale, qui était un Provençal pétulant, et à qui j’avais été obligé d’interdire ma chambre, de peur de m’emporter à quelque violence. Je m’étais bien promis en sortant de prison d’avoir une affaire avec lui, et, lorsqu’il m’était venu voir, je ne m’étais contraint que pour être plus sûr de mon fait ; il n’osait pas même agir ouvertement, parce que Sylvie, qui s’était fait des amis dans le couvent, menaçait de le prendre à partie : ainsi Crivelly était le seul qui fût déclaré contre moi ; il me sonda plusieurs fois de toutes les manières imaginables ; mais il me trouva ferme dans mes sentimens, et il perdit ses peines à vouloir m’éloigner de Sylvie.

Il s’attacha à elle ; il lui demanda la permission de l’aller voir ; il se plaignait de la com-

    les conditions exigées par les lois de l’église. Dans les pays où le concile de Trente a été reçu purement et simplement, cette liberté de mariage s’est soutenue, et l’on ne voit pas qu’elle y ait produit de mal réel.