Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/18

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s’évanouit. Le père était présent à ce spectacle, comme il l’avait été à celui de sa fille fouettée. »

L’on juge facilement que le marquis d’Argens eut de solides raisons de ne point aller en Prusse sous le gouvernement d’un pareil prince ; il y aurait perdu la vie ou la liberté, avec le caractère ardent et frondeur qui dirigeait ses actions.

Mais lorsqu’en 1740, Frédéric II monta sur le trône, les choses changèrent et les mêmes craintes cessèrent d’exister ; le nouveau monarque écrivit alors au jeune marquis « Ne craignez plus les bataillons de gardes, mon cher marquis ! venez les braver jusque dans Postdam. »

Lorsqu’il reçut cette lettre, il était à Stutgard, attaché au service de la duchesse douairière de Wirtemberg ; elle désirait voir Berlin et Frédéric. La circonstance se trouvant favorable, ils firent le voyage ensemble. Lorsqu’ils furent arrivés, le marquis s’aperçut, ou crut s’apercevoir que la princesse était amoureuse de lui : chose toute naturelle ; d’Argens était un grand bel homme de trente-six ans, gentilhomme français, et plein d’esprit : mais une pareille intrigue lui inspira des inquiétudes ;