Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/188

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trois lieues des Fromentiêres[1]. Clairac y consentit, et ce fut dans ce petit voyage que nous liâmes une amitié qui ne finira sans doute qu’avec la vie. Il allait à Constantinople par curiosité ; sachant parfaitement les mathématiques, il avait cru pouvoir faire quelque nouvelle découverte. L’ambassadeur, dont il était connu depuis long-temps, l’estimait infiniment : aussi le méritait-il. Quoiqu’il n’eût pour lors que vingt-cinq ans, il y avait peu d’hommes en France qui joignissent tant de science et d’esprit à tant de jugement et de probité.

Yviça est une île de la Méditerranée, appartenante au roi d’Espagne. Il y a une ville assez grande, mais mal bâtie, pleine de couvens des deux sexes, ainsi que de toutes celles qui sont sous la domination des Espagnols. Nous allâmes saluer le commandant ; il se tient dans le château, situé sur une hauteur qui défend la ville et l’entrée du port. Ce gouverneur se nommait Dupuis, et sortait des

  1. Le chevalier de Clairac s’est distingué dans la construction maritime ; il est mort jeune en 1751. On a de lui quelques ouvrages de son état, et une histoire des Révolutions de Perse avant thomas-kouli-Kan. Il se nommait Louis-André de la Mamie, et mourut ingénieur-constructeur en chef à Bergues.