Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/189

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gardes Valonnes[1]. Il nous retint malgré nous un jour entier ; nous le menâmes à nos vaisseaux, où il salua l’ambassadeur ; il y fut magnifiquement régalé par M. de Beaucaire, qui commandait le vaisseau où était son excellence. Cet officier trouva le secret de manger dans ce passage plus de vingt mille écus au-delà de ce qu’il recevait du roi ; il était coutumier du fait ; il n’avait jamais commandé de vaisseaux, qu’il n’eût perdu où les autres gagnent. Il a été fait officier-général depuis peu de temps, avec l’approbation générale du corps de la marine.

Le vent ayant changé, nous arrivâmes, en trente-huit heures, devant Alger[2]. La ville

  1. Les gardes Valonnes forment un très ancien corps de troupes espagnoles, qui tire son nom d’une des provinces que l’Espagne possédait autrefois dans la Flandre dite Vallonne.
  2. Alger est la capitale d’un état d’Afrique, autrefois la Numidie et Mauritanie ; c’est le plus grand des six royaumes de la Barbarie ; l’air y est sain et tempéré, la terre très-fertile, sur-tout vers le nord : cependant l’agriculture y est négligée ; les fruits en grande quantité et de la plus belle espèce, y sont mûrs en mai et juin. Les melons d’été et d’hiver y sont excellens ; on les nomme melons d’Afrique ce sont des melons de cette espèce qui ont accélèré la mort du grand