Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/202

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de trente à quarante pieds, et long de cinq cents toises, qui joint un lac de deux ou trois lieues de circuit avec la mer. Tunis est bâtie à cinq cents pas de ce lac dans les terres, et à trois ou quatre lieues de la mer ce qui l’a toujours mise à couvert des bombardement.

C’est une ville plutôt marchande que corsaire. Ses habitans n’ont que de petits bâtimens qui arment et désarment à Porto-Farine, port de mer à dix lieues de Tunis. Il y a à Tunis un dey comme à Alger ; mais il n’à aucune autorité effective, quoiqu’il ait tous les honneurs de la royauté. C’est le bey qui est le maître absolu et le chef de l’état. Anciennement les beys n’étaient que commandans des troupes ; peu à peu ils ont dépouillé les deys de toute leur autorité et se la sont appropriée. C’est le bey qui décide de la paix et de la guerre, qui reçoit les ambassadeurs, qui préside au divan[1].

On nous reçut à Tunis avec les mêmes cérémonies qu’à Alger. Le palais du bey est infiniment plus beau que celui du roi d’Alger ;.

  1. Différentes révolutions, inutiles à rapporter ici, ont successivement ôté et rendu aux deys leur pouvoir ; ils sont tout-puissans aujourd’hui à Alger, à Tunis et à Tripoli.