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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/201

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terrasse le lendemain à la même heure que j’y étais venu.

L’abbé de Biron et Clairac ne me voyant plus, crurent qu’il m’était arrivé quelque accident ; ils revinrent sur la terrasse dans le moment que je grimpais sur la muraille pour y monter. Ils ne pouvaient revenir de leur étonnement, et, s’ils ne l’avaient vu eux-mêmes, ils auraient en peine à le croire. Je leur contai mon aventure et ne pus leur cacher la résolution que j’avais prise d’y retourner. L’abbé de Biron, qui vit combien je risquais, en avertit l’ambassadeur, et je reçus de lui le soir un billet, par lequel il me priait de l’aller joindre. Dès que je fus arrivé au vaisseau, il m’ordonna poliment de ne plus sortir tant que nous serions à Alger. Je vis bien qu’il savait de quoi il était question, et l’abbé de Biron m’avoua que c’était lui qui m’avait fait arrêter. J’eus peu de temps à regretter ma maîtresse. Nous partîmes deux jours après pour Tunis, où nous arrivâmes dans une semaine.

Nous mouillâmes à la rade, auprès du cap de Carthage, à la portée du canon des forts de la Goulette, qui sont assez mauvais. On les a bâtis à l’embouchure d’un petit canal large