Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/221

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excusa sur ce qu’il fallait qu’il retournât le soir à bord ; il revint nous voir le lendemain avec deux de nos amis. Enfin le temps arriva où notre lien devait se rompre par le départ des vaisseaux : nous prîmes congé de nos épouses, qui nous reconduisirent jusque sur le rivage.

Cependant le chevalier de Cougoulin pensa nous faire une affaire avec l’aumônier du vaisseau ; il lui dit en badinant que nous avions répandu le bruit dans l’ile qu’il nous avait mariés. Il prit d’abord la chose eu plaisantant ; mais un jésuite, nommé le père Baudry, que l’ambassadeur avait avec lui, voulut l’engager à se plaindre à son excellence contre nous, comme ayant joué la religion. Il était sur le point de suivre le conseil du jésuite ; mais les officiers lui persuadèrent que c’était une plaisanterie de Cougoulin, et qu’il n’avait point été question de lui.

La haine que le père Baudry avait conçue contre moi venait de ce que j’avais soutenu, en plaisantant, que St. François Xavier n’avait jamais été jésuite[1].

  1. François Xavier surnommé l’Apôtre des Indes est un des hommes illustres du 16e siècle ; il fut canonisé après sa mort. Il naquit en 1506 au château de Xavier dont il prit le nom situé, dans les Pyré-