Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/222

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De l’Argentière nous allâmes mouiller à l’entrée du détroit de Constantinople, vis-à-vis des ruines de Troie, auprès du cap Sigée. On y voit encore quelques restes de cet Ilium si renommé par les poètes ; les Turcs en ont tiré une quantité de marbre prodigieuse pour bâtir la plupart de leurs mosquées, et néanmoins il en reste encore considérablement. Nous fûmes obligés, pour attendre le vent, de rester plus de six semaines à l’embouchure du détroit.

Il arriva pendant ce temps-là une affaire

    nées. Il vint à Paris, y fit ses études et enseignait la philosophie au collège de Beauvais, lorsqu’il y connut Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites. Ils s’engagèrent à aller travailler à la conversion des Infidèles. Jean III, roi de Portugal, dont les navigateurs avaient, depuis quelque temps, découvert un passage aux Indes par le Cap de Bonne-Espérance ( en 1497) ayant demandé des missionnaires pour les envoyer dans les Indes-Orientales, Xavier s’embarqua à Lisbonne en 1551. Il passa à Goa, à Malaca, dans les Moluques, et de là au Japon ; c’est sur-tout dans ce dernier pays qu’il déploya toute l’énergie de son zèle ; il en aurait retiré plus de fruit s’il eût su la langue du pays. Il passa ensuite à Méaco ; il n’y fut pas mieux reçu qu’au Japon, et devint l’objet de la risée des habitans infidèles. Il se hâta de retourner au Japon ; mais au lieu d’y paraître