Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/223

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assez, particulière. L’ambassadeur descendait quelquefois à terra pour se divertir ; il avait une garde qu’on lui donnait pour la sûreté de sa personne. Un jour en retournant au vaisseau, il s’aperçut qu’un des soldats qui l’avaient accompagné ne se trouvait plus. On fut près de deux jours sans en avoir aucune nouvelle. On apprit à la fin qu’il était dans un petit village à deux lieues du rivage, soit qu’il y eût été de lui-même, comme les Turcs le disaient, soit qu’on l’y eût conduit par force ; on le réclama inutilement. Les Turcs répon-

    comme avant, il changea d’habits, en prit d’étoffes magnifiques, se fit accompagner de valets et offrit des présens au roi du Japon, entr’autres une horloge sonnante et des instrumens de musique que le vice-roi des Indes lui avait donnés. Ces moyens réussirent, il obtint la permission de prêcher et le fit avec succès. Il voulut ensuite se rendre à la Chine, mais traversé dans ce dessein, et étant tombé malade, il mourut le 2 décembre 1552 à l’âge de quarante six ans, dans une île en vue du royaume où il voulait porter la foi chrétienne. L’observation du marquis d’Argens est vraie, rien ne prouve dans la vie de François Xavier, qu’il ait été de la compagnie de Jésus, c’est-à-dire qu’il se soit soumis à la règle de l’ordre et ait vécu dans la soumission aux supérieurs jésuites. Grégoire XV a mis François ait nombre des saints en 1622.