Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/226

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meurai jusqu’à notre départ pour Constantinople, où nous arrivâmes trois semaines après.

Tant de gens ont fait la relation de cette ville ; on a tant décrit les cérémonies des audiences des ambassadeurs, et les mœurs et coutumes des Turcs sont si connues, que je ne m’arrêterai point à faire un récit de ce que j’ai vu à Constantinople. J’y ai demeure cinq mois, au lieu de quinze jours que je pensais y rester. M.  de Bonac arrêta les vaisseaux, pendant tout ce temps-là, pour pouvoir terminer la négociation de la Moscovie avec la Porte, à l’occasion de la Perse[1].

    haut du rocher ou est bâti le château dans la mer. À la place d’Abydos du côté d’Asie, et de Sestos du côté de l’Europe, sont les châteaux des Dardanelles. On connaît ces vers admirables de Virgile.

    Quid junevis, magnum cui versat in ossibus ignem
    Duras amor ? nempé abruptis turbata procellis
    Nocte natat cœca serus freta : quem super ingens
    Porta tonat cœli et scopulis illisa reclamant
    Æquora ; nec miscri possunt revocare parentes,
    Nec moritura super crudeli funere Virgo.

    Georg. lib. 5. v. 216.

  1. M.  de Bonac jouissait d’une grande considération à la Porte, comme nous l’avons dit plus haut ; il fut choisi par le Grand-Seigneur et le Czar de