Cette affaire a fait un honneur infini à M. de Bonac ; il aurait été fâché qu’un autre y mît la dernière main. M. d’Andresel trouvait extraordinaire que, lui arrivé à Constantinople, le marquis de Bonac voulût y continuer le caractère d’ambassadeur. Il avait affaire à un esprit infiniment supérieur au sien. Il fallut qu’il passât par-tout où l’autre voulut.
M. d’Andresel avait du génie plutôt pour le monde que pour les grandes affaires ; il entendait bien les finances et avait été un bon intendant ; mais les négociations étaient au-delà de sa sphère. Au reste, il était bon, généreux, serviable, affable, trop facile à croire ce qu’on lui disait, et trop peu stable dans ses sentimens.
Le marquis de Bonac, au contraire, paraît d’abord n’avoir rien de brillant dans l’esprit. Peu de gens en ont autant que lui ; c’est un
Moscovie, pour médiateur à l’occasion des troubles de Perse et de l’invasion que Pierre-le-Grand avait faite dans quelques provinces de cet Empire ; il termina ce différend à la satisfaction des deux partis, qui le comblèrent de marques d’honneur ; le Czar ou Empereur de Russie lui donna le cordon de l’Ordre de St.-André.