aigle dans les affaires ; rien n’échappe à sa pénétration ; fin, délié, affectant de la simplicité, accablant de bienfaits ses parens, ses amis et ceux qui lui sont attachés, honnête homme autant qu’un ministre le peut être, bon François, aimant véritablement la gloire de sa patrie. J’ai entendu dire à plusieurs Suisses, à qui j’ai parlé de lui, qu’on se défiait si fort de ses talens, et qu’on était si persuadé de l’étendue de son génie, que cette prévention lui devenait nuisible dans bien des occasions.
Je m’attachai à lui le plus qu’il me fut possible, et je l’accompagnai souvent chez les Turcs de considération où il allait dîner. C’est dans les repas que j’ai achevé de me persuader que par-tout la religion n’est crue que du petit peuple, ou des personnes les plus éclairées. J’avais déjà vu en Allemagne des luthériens fort peu persuadés ; je connaissais à fond la manière de penser des gens de condition de ma patrie. Les Espagnols que j’avais fréquentés ne m’avaient point inspiré de dévotion. J’examinais les Turcs buvant du vin, mangeant du cochon, agitant des questions bien éloignées de l’Alcoran.
Un jour dînant avec l’abbé de Biron, chez